Épargner pour la retraite ou payer ses dettes?

Le vieux dicton Qui paie ses dettes s'enrichit! donne une direction...

Vaut-il mieux amortir sa dette ou épargner? La valeur nette de notre bilan personnel étant l'actif moins le passif, on peut effectivement améliorer notre portrait financier en travaillant sur l'un ou l'autre.

Voici des renseignements sur plusieurs types de placements qui vous permettront d'établir vos priorités, en considérant la possibilité de déduire ou non les frais d'emprunt.

Dans les trois premiers tableaux comparatifs ci-dessous, des règles pour établir des priorités sont proposées uniquement pour les situations où l'on est en présence d'une dette dont les intérêts ne sont pas déductibles. Dans ces cas-ci, vous hésitez entre payer une dette ou déposer une somme dans un compte d'épargne libre d'impôt (CELI), un régime enregistré d'épargne-retraite (REER) ou un régime enregistré d'épargne-études (REEE).

Dans le quatrième tableau, les priorités sont données selon que les intérêts sont déductibles ou non, en présence de placements non enregistrés.


1. Placement dans un CELI

Emprunts dont les intérêts ne sont pas déductibles (ex. : hypothèque résidentielle) :

Utilisation de liquidités additionnelles

Priorité 1 :Créer un coussin CELI (environ 6 mois de salaire).
Priorité 2 :Rembourser la dette si le rendement attendu est bien moindre que le taux d'emprunt; sinon, cotiser à un CELI.

2. Placement dans un REER

Emprunts dont les intérêts ne sont pas déductibles :

Utilisation de liquidités additionnelles

Priorité 1 :Compléter la création d'un coussin REER (environ 6 mois de salaire) si le compte CELI est insuffisant.
Priorité 2 :Rembourser la dette si le rendement attendu est bien moindre que le taux d'emprunt; sinon, cotiser à un REER.
Priorité 3 :Rembourser le Régime d'accession à la propriété (RAP) selon le minimum prévu; favoriser les nouvelles cotisations REER tant que tous les droits de déduction ne sont pas utilisés.

3. Placement dans un REEE

Emprunts dont les intérêts ne sont pas déductibles :

Contribuer au régime enregistré d'épargne-études pour la partie admissible à la subvention canadienne pour épargne-études et à l'incitatif québécois pour l'épargne-études, notamment si l'enfant a entre 10 et 17 ans. Pour la partie non subventionnée, l'épargne REER ou CELI devient la stratégie à considérer si le rendement attendu excède le taux de l'emprunt.


4. Placement non enregistré


Emprunts dont les intérêts ne sont pas déductibles :
Priorité 1 :Utiliser au maximum pour effacer la dette.
 Profiter des clauses contractuelles permettant le versement additionnel de capital ou la majoration des versements.
 
Crédits pour prêt étudiant:
Priorité 2 :Utiliser au maximum pour effacer la dette.
  
Emprunts dont les intérêts sont déductibles :
Priorité 3 :Utiliser toute partie à revenu fixe pour payer la dette (consulter la capsule sur le prêt levier et la section concernant le profil d'investisseur).

Épargne-retraite ou règlement des dettes?

  • Dans le cas d'un emprunt dont les intérêts ne sont pas déductibles
    On doit favoriser son remboursement avec toute liquidité (non enregistrée) existante.

  • Dans le cas des régimes d'épargne enregistrés
    L'examen du rendement attendu versus le taux d'emprunt est important. Tout prêt REER totalement remboursé en un an est convenable. Au-delà de cette période, l'écart entre le rendement attendu et le taux d'emprunt est l'élément décisionnel. La stratégie populaire de cotiser au REER et d'utiliser le remboursement pour amortir la dette est un compromis justifié, mais pas nécessairement optimal. Le critère pour choisir entre le remboursement d'une dette ou la cotisation au CELI demeure la comparaison des taux, comme pour le REER. Une deuxième réflexion doit être faite concernant le CELI ou le REER (voir la capsule traitant du CELI).

    Le retrait du REER par le RAP réduit la croissance du REER, mais permet d'améliorer la qualité de vie plus rapidement. Il peut permettre d'éviter ou de réduire les frais de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) si vous n'avez pas réuni la mise de fonds nécessaire, qui représente 20 % du montant total de la résidence.

Contracter un nouvel emprunt? 

Avant de contracter un emprunt, plusieurs se questionnent sur le choix de la période d'amortissement et le terme du taux d'intérêt. Avant d'aborder ces deux points, mentionnons qu'un exercice budgétaire rigoureux s'impose pour déterminer notre réelle capacité d'emprunt.

Plusieurs ratios existent pour évaluer la capacité d'emprunt, mais il faut être vigilant : les maximums définis doivent être perçus comme des points limites et critiques. Ils sont donc à éviter. L'analyse de l'effet sur le budget demeure encore le meilleur point de repère. Cette réflexion permet d'éviter des achats compulsifs et surtout, de connaître notre réelle capacité d'emprunt.

  • Période d'amortissement
    Les planificateurs financiers sont unanimes : l'amortissement des dettes à long terme (ex. : achat d'une maison) devrait se terminer pendant la période où l'emprunteur reçoit un salaire.

    Ainsi, un particulier qui s'achète une maison à 40 ans devrait prévoir un terme n'excédant pas 15 ans s'il compte prendre sa retraite à 55 ans. Certains veulent à tout prix rembourser très rapidement leur hypothèque. Cette façon de faire est louable, mais ne devrait jamais être effectuée si elle soumet inutilement la personne à des pressions financières énormes, provoquant des restrictions sévères sur ses habitudes de vie.

    Bien que les intérêts ne soient pas déductibles, il faut se rappeler que le gain en capital sur une résidence principale n'est pas imposable à la vente. Puisque celle-ci prend habituellement de la valeur, l'étalement ne cause pas trop de problème, car la valeur nette (valeur de la résidence, moins le solde de l'emprunt) augmente généralement. De plus, l'amortissement sera assez linéaire (montants fixes sans augmentation sur une longue période) pendant plusieurs années, tandis que les revenus d'emploi ont tendance à suivre l'inflation.

    Finalement, il est sage de ne pas prendre la période maximale d'amortissement dès l'achat de sa première maison. Cette possibilité de pouvoir rallonger la période au renouvellement (ex. : passer de 20 à 25 ans) sera appréciée en cas de problèmes financiers.

  • Des versements hebdomadaires, bimensuels ou mensuels?
    Lorsqu'on parle du terme d'amortissement de la dette, il faut parler du " pseudo-miracle " que produit le paiement à la semaine (ou aux deux semaines) au lieu de versements mensuels. L'apparence du " coup du siècle " provient simplement du fait que le versement total annuel est plus élevé. Ainsi, si vous remboursez un total annuel de 12 000 $, soit 1 000 $ par mois ou 231 $ par semaine, la date de fin d'amortissement de votre hypothèque sera sensiblement la même. Cette méthode de versement devrait davantage être choisie pour synchroniser les paiements avec ses revenus d'emploi.

  • Le prêt auto : faire preuve de logique!
    Un prêt auto ne doit pas excéder la période de vie normale de l'automobile (à cause de la dépréciation rapide). Un prêt amorti sur 4 ans serait ainsi très raisonnable pour une voiture neuve. Sans en faire une analyse exhaustive, la location automobile, avec option d'achat, est en soi similaire à un prêt. La principale distinction est que les mensualités ne sont pas suffisantes (étant inférieures à celles de l'emprunt) et une somme finale est exigée à la fin du terme pour acquérir l'automobile.

  • Le remboursement des cartes de crédit et des prêts pour le mobilier et les accessoires de maison
    Il est prudent de ne pas étaler le remboursement sur plus d'un à deux ans. Mieux vaut reporter l'achat à plus tard ou faire un choix moins dispendieux si le remboursement est trop contraignant. Un emprunt est également utile si on ne parvient pas à liquider un solde de carte de crédit à la fin de chaque mois. On évite ainsi les frais exorbitants exigés sur les soldes impayés.

    Un bas taux d'intérêt offert lors d'une campagne promotionnelle pourrait influencer la durée de l'amortissement. Par exemple, les offres « Payez dans un an » donnent un exemple où le report, souvent sans intérêt, peut être justifié. Dans cette situation, il faut s'assurer que le coût demandé dans un an n'est pas plus élevé que celui qui résulte d'une négociation serrée. On ne devrait jamais faire ce genre d'achat si le budget actuel ne permet pas d'effectuer les paiements immédiatement ou si l'argent disponible est destiné à un autre achat.

Le terme du taux d'emprunt

Le choix dépend de la capacité budgétaire à absorber des hausses de taux d'intérêt. En optant pour un terme court, par exemple dans le cas d'une marge de crédit ou d'un terme de 30 jours à 6 mois, on profite habituellement d'un taux plus bas que celui offert pour un terme de 5 ans. Sur le plan financier, il est avantageux de favoriser un terme court (taux bas), mais il existe un risque de fluctuation. Un terme de 3 à 5 ans pour une résidence offre une grande tranquillité d'esprit, spécialement si le budget est serré, comme c'est souvent le cas des jeunes ménages. Il est maintenant possible de trouver des termes de longue durée (ex. : 10 ans, 20 ans).

Il est très hasardeux de choisir son terme sur l'unique base d'une perception de la direction des taux d'intérêt. Puisque même les experts du domaine font souvent fausse route, il est toujours prudent de vérifier l'effet d'une hausse de taux sur notre budget. Si les taux courants sont de 4 %, il est sage de vérifier si notre budget nous permettrait de faire les paiements exigés si les taux d'intérêt grimpaient à 6 %.

Les établissements financiers peuvent vous accompagner dans vos réflexions. Plusieurs produits ont été conçus pour répondre à diverses situations d'emprunt. D'ailleurs, les travailleurs autonomes peuvent trouver aujourd'hui des produits qui pourraient permettre de rendre leurs frais d'intérêts graduellement déductibles. Informez-vous sur le principe de la « mise à part de l'argent » défini dans le lexique.

Toutefois, si vous devez emprunter pour rembourser d'autres prêts, il est temps de discuter sérieusement avec un planificateur financier. Reporter constamment le paiement de ses dettes revient à retarder l'heure de sa retraite! La consolidation des dettes est une bonne façon de faire le point et de se fixer un plan de remboursement pour reprendre ses finances en main.

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